lundi 30 mai 2011

dans le reflet des larmes

{lundi}
Depuis si longtemps j'attendais, les minutes tombaient lentes comme les battements de mon coeur. Passé vingt minutes de retard, il n'était toujours pas connecté, trente minutes de retard, alors je n'ai plus supporté, quarante minutes de retard, et j'ai pleuré comme l'hiver dernier j'avais pleuré l'absence de B. Je me suis reproché ma confiance de petite fille dans mes lettres à K. J'ai pleuré en écrivant un mail d'excuses, est-ce que tu m'as oublié? Et j'avais tellement peur que ce soit un oubli conscient.
Mais avant que je n'envoie, il est là, qui m'appelle sur mon portable. Avec dans la voix cette douceur que les filles avec qui il avait essayé d'être lui reprochaient, cette douceur qui ne sera jamais de trop dans la lente construction d'un confiance sincère.

{sept jours plus tard, toujours lundi}
Quinze minutes de retard, toujours pas de lettre de toi. Tu deviens tiède, presque froid. Mais moi aussi, la distance me tue, pourquoi tu ne fais pas un effort. Vingt minutes, l'envie te passe, l'indifférence, j'en ai pleuré d'effroi quand je l'ai sentie venir avec son rire creux, je me suis accrochée aux souvenir de notre nuit du 1er mai, pour te vouloir encore à en avoir mal. Je me suis accrochée. Tu es là, avec ton retard. Mais je répondrai pas tout de suite. Parce que déjà j'étais au bord des larmes. Et puis de toute façon tu seras au téléphone avec ta mère. Trente minutes. Si j'étais moins lâche, j'aurais fermé sk*pe et éteint mon portable. Je me serais préparée une tisane que j'aurais bue dans mes oreillers en lisant Proust. Parce que je suis si fatiguée, si tu savais.
T'auras ma peau peut-être, mais ce sera pas facile, je me défendrai.

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