dimanche 11 novembre 2012

s'il lui avait répondu si elle lui écrivait maintenant–
si les grilles du parc fermaient tard si le manteau ne pendait plus au crochet–
si elle savait des vers de neruda par coeur si une cigarette se consumait entre ses doigts–
si les muffins ne brûlaient plus les doigts si le thé brûlait encore la langue–
si elle l'avait laissé s'approcher s'il avait pu l'embrasser–
si elle ne l'avait jamais rencontré s'il n'était jamais parti

alors il n'y aurait pas le désir alors
il n'y aurait pas
la vie

c'est comme ça.

vendredi 2 novembre 2012

Un ciel de Monet frémissait de lumière, de lumières, alors j'ai noué la grosse écharpe marine autour du cou, et l'appareil. Et dans le parc, les silhouettes respiraient de petits nuages, et ceux du ciel, taupe, cobalt, corail, mauve ou citron. Ou délicatement ivoire, si tu cherches bien. 
Le matin m'avait ébloui par l'évidence avec laquelle les deux tout petits élèves impromptus savaient jouer une partition graphique. La coordination de ses petits mains à lui, son application à jouer fort et puis doucement et son attitude toute écoute lorsque la ligne s'interrompt pour laisser place au silence. Et sa certitude à elle quand elle pose son propre dessin sur le piano pour le jouer. Ilana, c'est ainsi qu'elle a nommé son morceau, le portrait d'une fille, des clusters avec le plat de la main pour jouer les cheveux en bataille et des petites notes cristallines comme autant de petites cloches pour dessiner les yeux, le nez, la bouche, et là, le corps, c'est tout doucement aussi. Evidemment, j'ai envie d'être professeur à en avoir mal, j'ai hâte du temps qui passe, j'ai peur du temps qui passe et les bras tellement trop courts pour enlacer toute cette vie fugace, fugitive, furtive.