lundi 21 septembre 2009

Uraltes Wehn vom Meer, Meerwind bei Nacht: du kommst zu keinem her; wenn einer wacht, so muß er sehn, wie er dich übersteht: uraltes Wehn vom Meer

-Rainer Maria Rilke-

Le drap pèse comme une fournaise sur mon corps tordu, la chemise moite entrave les jambes et oppresse le sein blanc -blanc comme la lune qui déchire la nuit. La soif pique la gorge sans qu'aucune eau ne sache l'éteindre, les cheveux sur les temps écoutent les pulsations du sang sur la peau transparente. Il est noir, mon sang, noir comme cette nuit qui s'est couchée sur moi et me viole, son haleine brûlante sur mes paupières écoeurées et blanches -blanches comme la lune qui ricane avec la nuit. Les heures passent, les aiguilles voyagent dans le temps et délavent le ciel, lentement, la bête repue se détourne de mon ventre et s'en va par la fenêtre. Elle s'arrête sur le rebord, comme si elle hésitait, et puis saute dans l'air sans couleur.
Alors un livre s'entreouvre sur l'étagère et un poème s'ébroue, saute sur l'oreiller et s'allonge près de moi. Il m'entoure la taille d'écolle la chemise froissée et embrasse mon oreille. Il raconte des histoires oubliées. Tout bas. Je ferme les yeux.

lundi 7 septembre 2009

Und Kinder wachsen auf mit grossen Augen, Die von nichts wissen, wachsen auf und sterben, Und alle Menschen gehen ihre Wege

-Hofmannsthal-

Sur l'image , on voyait deux jeunes filles dessiner des arabesques dans la glace d'un lac gelé à Reykjavik, juste avant le lever du soleil. L'air grésille de froid et le doux bruit de la lame incisant la surface miroitante sent l'hiver, les mitaines humides mises à sécher, l'odeur âcre du bois qui brûle mal, les goulées de chaleur qui s'échappent des portent des magasins, les doigts gourds enserrant la cigarette, les flocons de neige sur le manteau et les mains collées contre le radiateur tiède. Tu sais, il faisais nuit encore, une nuit à coupé le souffle, couverte de givre, figée. Les étoiles étincelaient comme des lames acérées dans le ciel abyssal. Les habits raidis par le froid blessaient notre peau chaude et douce, et la première respiration sur le seuil déchire la gorge. Il faisait si froid que j'ai toussé du sang, des petites gouttelettes qui ont plongé dans la neige immaculée, immobilisées, mortes comme les étoiles. Les patins à glace pendent sur l'épaule, un coup dans la poitrine, un coup dans l'épaule, un balancier régulier. Devant, derrière, devant, derrière. Je ne pense à rien d'autre. Je ne pense pas. Mon corps comme pris dans la glace est dur. Sec. Je glisse sur la neige, je tombe, je me relève, je ne réfléchis pas. Je ne pense pas. Et puis le lac, enfin, un miroir aigre comme un rictus haineux. Je me suis relevée, en équilibre sur la lame de mes patins, et, pour la première fois, j'ai levé la tête. L'aube pointait, le ciel est devenu transparent, vide, et la terre semblait flotter, comme si l'apesanteur de l'air la soulevait loin de sa gravité. j'ai écarté les bras et j'ai tournoyé en faisant crisser la glace. J'étais le pinceau d'un artiste courant sur une œuvre d'art, portée par un bonheur brûlant. L'ivresse de prendre part à la Beauté universelle.

vendredi 4 septembre 2009

Lux feminae

... et il faut regarder la pluie embrasser la fenêtre en entourant un bol de thé nature des mains.

Elle.