lundi 21 septembre 2009

Uraltes Wehn vom Meer, Meerwind bei Nacht: du kommst zu keinem her; wenn einer wacht, so muß er sehn, wie er dich übersteht: uraltes Wehn vom Meer

-Rainer Maria Rilke-

Le drap pèse comme une fournaise sur mon corps tordu, la chemise moite entrave les jambes et oppresse le sein blanc -blanc comme la lune qui déchire la nuit. La soif pique la gorge sans qu'aucune eau ne sache l'éteindre, les cheveux sur les temps écoutent les pulsations du sang sur la peau transparente. Il est noir, mon sang, noir comme cette nuit qui s'est couchée sur moi et me viole, son haleine brûlante sur mes paupières écoeurées et blanches -blanches comme la lune qui ricane avec la nuit. Les heures passent, les aiguilles voyagent dans le temps et délavent le ciel, lentement, la bête repue se détourne de mon ventre et s'en va par la fenêtre. Elle s'arrête sur le rebord, comme si elle hésitait, et puis saute dans l'air sans couleur.
Alors un livre s'entreouvre sur l'étagère et un poème s'ébroue, saute sur l'oreiller et s'allonge près de moi. Il m'entoure la taille d'écolle la chemise froissée et embrasse mon oreille. Il raconte des histoires oubliées. Tout bas. Je ferme les yeux.

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