samedi 16 octobre 2010

s'accrocher aux pages

dans la cuisine glacée, quand la vie rit dans le salon, et il est si loin, deux rues, un océan, une semaine. A. disait qu'il y avait deux catégories de filles. Celles dont les hommes tombent amoureux, et celles avec qui ils couchent. C'est triste, et puis vrai aussi.
J'ai vingt-trois ans, je suis une p*tain. Mon premier client était B.
J'étais amoureuse de lui.
Pour les suivants, ça n'a plus d'importance, ils peuvent venir, ils peuvent partir, c'est égal. C'est l'année où tombent les illusions qui cachaient les visages comme des masques. C'était quitter une ville sans adieux, c'était mon père qui me disait que de toute façon il n'avait jamais voulu de moi il ne faut pas croire, D. qui voulait coucher avec moi pour se venger de son ex. C'était B. stupéfait, tu n'avais quand-même pas imaginé qu'on avait une relation. 
Je voulais partir, aller à la mer, laisser mes poumons courir dans le vent, je voulais ce bruit régulier, assommant, abrutissant, comme un alcool fort, un puissant narcotique, une drogue euphorisante, et ce coeur couvert de pourriture, le jeter dans l'eau salée, m'asseoir sur la berge, lécher le sel sur mes lèvres et attendre que tout soit propre et anesthésié. Tu vois, j'avais prétendu qu'il y avait un baiser entre nous, quel mensonge. Et puis c'est faux, c'est pas pour toi que j'apprends cette langue, c'est pas pour toi, c'est pour moi, parce que cette langue, c'est un peu toi, quand je lis ta langue, je lis ton nom, et sa mélodie, c'est comme les mots que tu ne me disais jamais. Cette langue est un ersatz de toi. 
Lui, il préfère se taire. 

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