Revue AC3s, pellicule périmée |
Aux pieds de ma petite rue repose un grand jardin soigné, des marronniers sombres amputés, schwarzschattende Kastanien, la poussière des allées enlacée par le vent. Deux tours de DCA menacent les corbeaux qui croassent dans les moignons des arbres noirs, la fin d'un jour dans le brouillard de novembre ; la beauté perfide de la désolation, la solitude dans sa perfection.
Passent les jours et passent les semaines
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir, le vent d'ouest raconte ce qu'il a vu et l'herbe éternue des pâquerettes, l'herbe si fraiche, si vierge, l'herbe encore pure de nos corps qui viendront la chatouiller et étioler son voile blanc. Il m'aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie. Pas du tout, pas du tout. Des cordes relient les arbres centenaires, schwarzschattende Kastanien, et nous dansons sur les fils tissés dans l'air, nous dansons dans le couchant, eux et moi ; et toi, pas du tout, pas du tout.
Comme la vie est lente Et comme l'espérance est violente.