lundi 24 février 2014

l'exil et la grâce #1

une table de bois patiné, vieille et
lissée de ses rides par les caresses du petit-déjeuner
darius milhaud a composé un quatuor raffiné, élégant,
ciselé. Mille-neuf-cent-douze, à Paul Cézanne, opus cinq numéro un
des pommes irisées de soleil, des poires –

août sur une table de bois patiné, vieille et
les couleurs terreuses, collantes et poivrées
l'air chaud qui tournoie dans les notes, dans
les fruits et cette odeur de chaleur rassurante comme celle du pain
l'essence du souvenir, l'enfance peut-être –

darius milhaud a composé un quatuor raffiné, élégant et
d'une fraicheur juvénile qui fond comme l'été
des fruits mûrs et sucrés. L'abondance sur les torchons blancs
la maison du pendu, les nageurs, sainte-victoire au loin
des cruches de terre cuite, le silence –

lissée de ses rides par les caresses du petit déjeuner
la table embrasse les vers transparents de jaccottet
semés dans mon sillage avec dans l'eau du temps
mes souvenirs qui flottent sur des bateaux en papier fragiles et incertains
ils créent des mondes, des châteaux vagues –

mille-neuf-cent-douze, à Paul Cézanne, opus cinq numéro un. A l'été
mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix-neuf je copiais Cézanne gouache sur papier
en deux-mille-quatorze jaccottet par coeur et à pleines dents
attraper le papillon de la grâce dans l'exil pour vivre partout et encore plus loin
dans un quatuor de milhaud, les étés de cézanne, – et jaccottet.



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