Septembre déjà, à deux semaines de la rentrée. Les jours à la bibliothèque sont apaisant, même si c'est à lui que je pense, lui qui est à Istanbul, lui qui s'active sur la toile, lui qui se tait pour moi. J'écrivais à T. en convalescence que je ne voulais pas qu'il me raconte les filles et pourtant son silence me pousse dans la folie. Je suis folle, je suis perdue, pendue à mes illusions qui tombent comme la cendre d'une cigarette allumée. Je suis cendre, je veux son goût dans mes poumons et sa caresse sur mes doigts. Je me sens proche de la fumée, je sais que je vais fumer. J'achèterai des L*cky Strike rouge, et je fumerai, vêtue de noir, belle et arrogante, je tatouerai mes clopes d'une trace de rouge à lèvre. Rouge sang, avec une goutte de Chanel entre les seins et trop de mascara sur les yeux. Je boirai des alcools forts à même la bouteille. Je porterai des pantalons et des gilets, je fumerai le cigare en buvant du Cognac, je ne saurai plus qui je suis. Je ne sais déjà plus qui je suis, je fais ma crise d'adolescence, mais ça ne fait rien, je vais bien, sauf ton silence.
J'ai reçu une confirmation pour mon stage à l'opéra, j'attends la réponse du marchand de disques demain en retenant mon souffle. On m'a tout enlevé, mon sang, mon travail, mon estime. Je postule partout, j'annule, j'oublie, parfois je reçois une élève de piano, parfois je travaille 10 heures d'affilée sans pause dans un train, les sourires et les verres de rouge, la chambre froide pour calmer et le Whisky d'une traite à la fin du service, rentrer en traversant les hangars désert avec ce garçon qui m'exaspère et qui aurait pu coucher avec moi. S'il avait su. J'avais tellement envie de fumer.
Je pars en vrille, mais leurs yeux ne voient que l'habitude. Un jour, on se demandera où je suis allée, et il faudra bien admettre que je suis morte. C'était une fille trop fragile, je n'ai plus supporté, je l'ai jetée un soir au bord de la route, en sortant d'un tabac, un paquet de L*cky Strike rouge dans la main.
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