Mon été est trop bien rangé, je voudrais des virées, des escapades décidées au tout dernier moment, partir en sachant seulement plus ou moins la direction. Faire des feux de camp, dormir à la belle étoile, avoir le goût du sel sur la langue et les cheveux trop clairs sur la peau trop foncée.
Alors on s'accroche aux nouveaux visages croisés dans l'open space de la billetterie, dans les bureaux en-bas du village et à la sortie d'un concert. Il y a ces deux pianistes qui ont passé le concours de la Haute École de Musique de Lausanne avec moi, cette fille de Neuch*tel et une Viennoise qui travaille dans le secteur presse, il y a les filles pour un repas improvisé sur le balcon.
On fuit, très loin, très haut, là où il ne pousse que des pierres grises qui étincellent au soleil comme des lames de couteau, là où le cri âpre des aigles tourne en cercle dans le ciel bleu acier, là où la peau brûle, où l'air est fin et transparent comme un cheveu.
En redescendant, il y avait des bosquets de rhododendron sauvage à perte de vue, l'odeur épicée de l'herbe grillée, et des marmottes jouaient devant leur terrier.
Tout est calme dans l'appartement, le tictac de l'horloge comme les battements du coeur, comme la guillotine de ce qui ne sera jamais plus donné, ce qu'il faut boire jusqu'à la lie, s'enivrer de ces secondes qui gouttent et s'écrasent sur le bitume brûlant.
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