dimanche 27 juin 2010

Chocolat blanc

Le marché plie l'échine sous la torpeur du soleil, le mouvement dense de la foule lentement entre les étals semble s'immobiliser, les odeurs d'huile, de pois chiches, de viande rôtie, plus loin le sucré des pêches, des fruits secs, la peau tendue des aubergines, et le marchand de cerises me tend un cône de papier avec un kilo de grosses cerises noires et glisses trois abricots dans ma sacoche "pour ton sourire". Alors je souris encore plus, forcément. Plus loin le Juif aux falafels m'en fait payer dix et m'en donne quinze, et le turc au coin ajoute un carré de baklava à mon simit, parce qu'il faut toujours un dessert, même au marché. Je me promets de revenir avec du monde, de prendre un falafel chez mon Juif et de partager un Baumkuchen de la roulotte hongroise. Au retour mes épaules brûlent et les kilos de tomates, les aubergines, le houmous et les cerises pendent au guidon en froufroutant dans le vent de face.
Le soir, c'est un pain aux noix, avec une ratatouille aux poivrons et des tranches de brebis turque, du chèvre frais et des falafels avec du houmous, et c'est l'été bulgare. C'est un pot minuscule de Hägen dasz partagé et un concert improvisé de petites cuillères. Les muffins framboise-thé vert-chocolat blanc dans le four, improvisés avec du natron faute de poudre à lever.
Il manque tant de carnets. Pour les recettes, pour les poèmes. Et à l'Albertina, je n'arrivais pas à me décider. Alors je repense les papeteries parisiennes. Les chaises en rotin sur les trottoirs et les garçons en chemise blanche. Ca fait un peu mal.

Dimanche matin, il est sept heures trente, le soleil dans les arbres et les rideaux à la fenêtre, quelqu'un joue Bach, comment savoir qui? et je l'imagine, et j'en suis déjà un peu amoureuse. C'est comme dans le roman de Hermlin, le papa qui jouait une heure de Bach tous les matins, de sept à huit.

Dimanche matin, et je crois que je ne l'aime plus, et je sais que c'est bien. J'avais trop de choses à donner et lui ne cédait rien, alors il étouffait et je grelottais. Maintenant je respire la liberté, j'imagine l'odeur du lac, le bruit de l'herbe au soleil, les pommiers dans la chaleur de midi, le parasol sur la terrasse.

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