mercredi 12 février 2014


Fleurs de pommier


Un soir fatigué il y a eu une lettre, écriture raffinée sur enveloppe de neige, quelques feuillets rédigés dans les salles de la Sorbonne, un poème sur une carte bordée de tissu fleuri, la délicatesse jusque dans le sachet en mousseline fragile, thé vert et cerisiers en fleurs. Je joue un impromptu, j'éteins les lumières et je m'enroule autour d'un bol au parfum subtil de ce thé du Japon. De l'autre côté de la rue, les fenêtres s'allument, comme les étoiles d'un ciel urbain, il fait silence, juste un bol pour goûter l'amitié. Assise en tailleur sur le canapé, je regarde les constellations danser sur l'immeuble d'en face. La boîte d'aquarelle ouvre ses couleurs sur la table, il y a deux nouveaux pinceaux et du papier à gros grains. Et sur mes lèvres, le souvenir d'un poème d'Apollinaire tombe en pluie fine – il pleut. Écoute s'il pleut tandis que le regret et le dédain pleurent une ancienne musique, écoute tomber les liens qui te retiennent en-haut et en-bas.

2 commentaires:

  1. L'aquarelle est comme la vie, les touches successives appliquées au même endroit ne parviennent jamais à masquer ou recouvrir les plus anciennes... Voilà pourquoi il faut poser les couleurs comme les actes, en pleine conscience, car ils marquent à jamais le papier de l'existence. Je suis heureux d'avoir retrouvé vos mots, qui sous le vocable de whiteairplanes avaient pour moi un temps disparu. Je vous souhaite un bonheur infini.

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