J'ai accepté par erreur ton invitation

Je te vois comme tu as du temps pour tout, je te vois sourire à droite sourire à gauche, je te vois écrire des projets, je te vois assister à cette conférence de Noam Ch*msky à Boston, je te vois.

Toi tu vois pas comme j'ai pleuré, tu vois pas que je ne sais plus manger, tu vois pas mon angoisse, tu vois pas comme je me suis faite belle pour toi, ça m'a fait tellement mal, tu vois pas comment ça fait mal de se faire belle pour ton silence. 

T'es tout pareil. Tu vois rien.

manhattan

J'écoute Louise Attaque très fort, en boucle, et une page se tourne, les lettres qui s'enchainent pour le monde entier sans qu'il y ait jamais assez de mots, alors le journal ouvert, le mauvais bec de plume grince sur le carnet Moleskine des citations de Kerouac, tu sais, On the Road qu'on relira tous les deux cet été. On fumera beaucoup trop, on mangera des apple pies with vanilla ice cream, on se récitera les poèmes de Ginsberg, on écoutera ta musique, on restera sous le soleil trop chaud, on boira le whisky à la bouteille et on fera l'amour tout le temps. C'est comme ça que je nous imagine.

sur le bout des nuages

une lettre qui répète en boucle les "si seulement tu étais déjà là" / le marché avec tellement de pains maison, de fromages, de confitures, de fruits, de miel, de salades, de vins et de fleurs / la bibliothèque immobile dans l'orage / la confiance / le basilic dans la cuisine / le cadeau bricolé après un pic-nic au parc / la bouteille de slivovitz en cercle sur le trottoir /  le premier coup de soleil / une longue lettre pour l'Allemagne / les pinceaux d'aquarelle / un poème recopié / les réveils matinaux / l'arbre en fleur devant la fenêtre / les mots qui se bousculent partout / et dans mon coeur.