jeudi 4 mars 2010

au bout du fil

Tu vois, il ne faut pas avoir peur, un matin, tout se dénoue, ton corps n'est plus la boule tuméfiée roulée dans le petit coin entre le lit et la table de chevet. Les crises s'espacent, la respiration se libère, et le mouchoir n'est plus taché de sang au matin. Sur le rebord de la fenêtre, elles sont mortes, des boutons fanés, le souvenir d'un parfum fleuri, mais il ne faut pas pleurer, ne pleure pas, regarde, c'est le printemps qu'elles attendaient, il est venu, tu sais, elles étaient heureuses, il a embrassé doucement leurs lèvres offertes, elles étaient heureuses, enfin.
Le manteau gris au crochet, le paletot violet, et le bonnet de laine bleue dans une caisse en osier, avec les gants. Il n'y aura pas de carte pour le métro et le tramway, la demie-heure de marche, en passant par-dessus le Danube, il y a un petit magasin de musique aussi, une cité U et la Beethovengasse avant d'arriver à l'institut, parfois un thermos de café, parfois un chausson au séré, parfois Brahms, parfois les oiseaux du Lichtensteinpark, parfois un étudiant sur une bicyclette, parfois le soleil. Et puis j'étais couchée, et ta voix dans le téléphone, le pull vert pour me faire plaisir, les mains jouent avec les motifs de l'oreiller, et tu sais, c'est comme une pièce en majeur, mais un majeur très doux, timide, qui vient délicatement ouvrir les serrures verrouillées, c'est un murmure, et la poitrine se dilate, et l'âme s'envole en riant. Il y a un fil invisible qui court de ma fenêtre à la tienne, comme tu disais qu'il fallait que l'on fasse, pour nous voir plus vite, c'est un fil qui court de mon cœur au tien, ils se parlent, tu ne crois pas? Parfois, si tu écoutes bien, tu peux entendre leurs chuchotements. Peut-être parlent-ils d'amour...

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