Budapest, novembre 2010 Canon 400D |
D 293 Belgrade - Sofia.
Je suis seule, débardeur marin et jupe chocolat, cheveux désordonnés qui chatouillent mes épaules. J'ai pris le chemin défoncé qui mène au centre ville, passé sous le pont à la chaussée crevée de trous et de flaques, traversé le chaos de ce rond-point généreux, longé la route pavée, petites ruelles de traverse où les maisons dorment derrière de jardins fleuris, tonnelles de vigne folle sous lesquelles on fait la sieste avec un verre de menta glacée. J'ai passé sous les fils électriques en guirlande, caressé un chaton sauvage. Sur le boulevard Levski, le monsieur du magasin de photo me fait un signe de tête, mais je n'ai plus de pellicule à faire développer. La cathédrale Nevski sommeille comme un chat au soleil, les pavés jaunes se tassent sous le soleil et je marche, seule, débardeur marin et jupe chocolat. Au pied de la statue face au parlement, j'essaie quelques notes de Schubert sur le piano à queue blanc, mais il me faudrait les partitions. Je longe les jardins de Borisov, un étudiant en chemise rayée bleu et taupe me rattrape, il faut que je lui raconte pourquoi je suis ici seule, ce que je fais à Sofia, pourquoi le volontariat, je le quitte trop vite, j'ai rendez-vous avec Eli à Orlov Most, je ne saurai jamais qui il est, ni pourquoi il a eu besoin de parler avec moi. Ce garçon est la métaphore de ce pays qui m'émerveille et me fascine, et qu'il faut quitter sans avoir eu le temps de le connaître.
Remarquablement écrit. La deuxième partie encore meilleure que la première.
RépondreSupprimerLa magie de ce passage simple et beau, c'est d’inviter au-delà de la fin du texte – invitation à la pérégrination.
J'voulais juste dire quelques mots, juste souligner comme c'était beau, et agréable à lire ; mais ça a déjà été fait, alors je ne fais que répéter vaguement.
RépondreSupprimer(J'n'étais plus venu par ici d'puis très longtemps, et c'était un peu une erreur.)