mercredi 27 mars 2013

parce que les gants sont troués à force de se blottir frileusement contre les doigts raides
parce que dedans les bras nus dansent dans la salle bondée du métropole
et la bière scintille dans l'obscurité comme la mer d'un bain de minuit

un-deux ; un-deux ; un-deux-trois
un-deux ; un-deux ; un-deux-trois

violon accordé à la clarinette, violon accordéon clarinette, guitare et au milieu la contrebasse
ils chantent yiddish, ils chantent roumain russe ou français, on ne sait pas ce qu'ils chantent
on sait. Ils chantent l'été, les jours qui paressent et les nuits jusqu'au bout

un-deux ; un-deux ; un-deux-trois
un-deux ; un-deux ; un-deux-trois

la chaleur de la lumière, le soleil de l'Est qui fait mal quand il caresse
les plaines sèches qui vibrent et leur odeur qui parfume les ébats du ciel
les sandales sur les routes poussiéreuses et les troupeaux d'oies bruyantes

un-deux ; un-deux ; un-deux-trois
un-deux ; un-deux ; un-deux-trois

le miel dans des vieilles bouteilles de Fanta et les jus de poires sur la petite place
la voisine se dandine rose sur ses chevilles gonflées, sa vie est super dobre mersi ! les morts
rient doucement dans le vent et s'étiolent de leurs arbres, le goût de la banitsa du petit déjeuner


un-deux ; un-deux ; un-deux-trois
un-deux ; un-deux ; un-deux-trois


la bouteille de vodka sur la nappe hideuse dans le jardin, le père regarde ses fils
l'un a pris ta main et improvise les rondes autours du potager l'autre
sourit, un accordéon contre son ventre il joue une rachenitsa :

un-deux ; un-deux ; un-deux-trois
un-deux ; un-deux ; un-deux-trois