lundi 7 septembre 2009

Und Kinder wachsen auf mit grossen Augen, Die von nichts wissen, wachsen auf und sterben, Und alle Menschen gehen ihre Wege

-Hofmannsthal-

Sur l'image , on voyait deux jeunes filles dessiner des arabesques dans la glace d'un lac gelé à Reykjavik, juste avant le lever du soleil. L'air grésille de froid et le doux bruit de la lame incisant la surface miroitante sent l'hiver, les mitaines humides mises à sécher, l'odeur âcre du bois qui brûle mal, les goulées de chaleur qui s'échappent des portent des magasins, les doigts gourds enserrant la cigarette, les flocons de neige sur le manteau et les mains collées contre le radiateur tiède. Tu sais, il faisais nuit encore, une nuit à coupé le souffle, couverte de givre, figée. Les étoiles étincelaient comme des lames acérées dans le ciel abyssal. Les habits raidis par le froid blessaient notre peau chaude et douce, et la première respiration sur le seuil déchire la gorge. Il faisait si froid que j'ai toussé du sang, des petites gouttelettes qui ont plongé dans la neige immaculée, immobilisées, mortes comme les étoiles. Les patins à glace pendent sur l'épaule, un coup dans la poitrine, un coup dans l'épaule, un balancier régulier. Devant, derrière, devant, derrière. Je ne pense à rien d'autre. Je ne pense pas. Mon corps comme pris dans la glace est dur. Sec. Je glisse sur la neige, je tombe, je me relève, je ne réfléchis pas. Je ne pense pas. Et puis le lac, enfin, un miroir aigre comme un rictus haineux. Je me suis relevée, en équilibre sur la lame de mes patins, et, pour la première fois, j'ai levé la tête. L'aube pointait, le ciel est devenu transparent, vide, et la terre semblait flotter, comme si l'apesanteur de l'air la soulevait loin de sa gravité. j'ai écarté les bras et j'ai tournoyé en faisant crisser la glace. J'étais le pinceau d'un artiste courant sur une œuvre d'art, portée par un bonheur brûlant. L'ivresse de prendre part à la Beauté universelle.

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