mardi 25 août 2009

He's only thirty-one and he's only seventeen

Quand on referme un livre, c'est un claquement sec comme les portes d'un train qui part. Et l'histoire est là, sur le quai, elle agite son mouchoir blanc, ils sont tous venus, les personnages du récit, tous, les gentils comme les méchants, et l'écharpe autour du cou serre trop, on les a aimé, tous, les gentils comme les méchants, tellement aimé, sans jalousie ni rancune, comme il faudrait aimer pour de vrai.

Ils étaient trois et chantaient des comptines françaises et des modulations hébraïques, ils sont quatre et réclament des chants français et des cantiques, mais c'est un peu pareil, et souvent, je m'embrouille, parle de la peluche des uns aux autres et mélange les souvenirs. Grand-maman aussi, elle invente des choses. Mais ce n'est pas une mémoire défaillante tant qu'une volonté acharnée de se souvenir des moindres détails, pour faire comme si tout était encore. Vivre par la mémoire, le présent n'existe pas, il est un passé futur. Les livres de cuisine ouverts dans les pages sucrées, j'hésite, et ce sera la pensée de l'amande douce qui marie son parfum entêtant avec celui de l'orange qui se décidera pour l'Italie. Sur le rebord de la fenêtre de la cuisine, il n'y a plus de basilic, mais dans le jardin, il y a des fruits rouges. En cuisinant, j'écoute Donovan, et si ce n'était la maison sans âme, on dirait presque l'Angleterre. Le soir, il y a Chopin, des valses un peu tristes qui s'enfuient par la fenêtre ouverte et font l'amour avec les étoiles.

Un jour.

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