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Stara Planina, massif des Balkans, Bulgarie 2014 |
Il disait aimer Camus et Dostoïevski, alors j'ai dit oui.
Je portais une robe en maille noire et blanche, doublure bleu nuit et lui une veste en cuir élimé et des chaussures de montagne. On a traversé le canal, lui portait sont gros sac à dos à armature, moi je poussait mon vieux vélo blanc Peugeot. On a improvisé un curry tofu-légumes et on est ressorti dans la nuit humide, le long du canal puis au coeur de la ville pour essayer d'extraire l'essence de Vienne. Au café anarchiste Rasputin, je bois ma demi citron en me demandant qui il est,
ce garçon qui s'apprête à traverser l'Asie au gré des saisons, des portes ouvertes et des voitures qui s'arrêtent au bord de la route.
Il passera une journée entière à écrire et réfléchir sur le cosmopolitisme de Berlin, et le dimanche, au Belvédère, il demande à repasser encore une fois la salle avec les Klimt. Devant le Baiser, je doute que la femme aie vraiment envie que l'homme l'embrasse, mais oh si, il dit, elle est tellement heureuse, tellement amoureuse.
Le matin, je le réveille en jouant Beethoven, la journée il se perd dans les rues, et le soir, nous cuisinons à quatre mains en écoutant
Eroll Garner, avant de regarder des Louis de Funès ou des Fernandel, en rejouant à plusieurs reprises les scènes qui nous font le plus rire.
Un matin, il doit partir, parce que je m'en vais. En revenant le long du canal, je suis seule, je porte une autre robe. L'appartement est immobile et–
Le soir, je retrouve le garçon dans un café, il loge chez une amie en attendant de quitter Vienne. On se souhaite mutuellement bon voyage, et il dit en plaisantant dis-moi quand tu es de retour, si ça se trouve, je serai encore en train de lever le pouce aux portes de la ville.
Pourquoi pas ?